Résumé
Imposante et énigmatique, coincée entre le paravent et le bureau d’angle d’une petite bibliothèque au cœur de Tokyo, Sayuri Komachi attend patiemment ceux qui décident de venir la voir. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, salariés ou retraités…, ils sont tous au carrefour de leur vie. À chacun, la mystérieuse bibliothécaire propose un ouvrage totalement inattendu, bien loin de celui qu’il était venu chercher. Et derrière cette lecture imprévue se dessinent toujours les premiers jalons d’un nouveau départ.
Un roman cocooning
Je découvre ce roman un peu après la bataille. Je le voyais souvent dans les librairies, mais il y avait toujours d’autres titres qui m’attiraient davantage. Cette fois-ci, je l’ai enfin acheté ! C’est un roman qui se lit très facilement, la mise en page est aérée et l’histoire nous entraîne par la main, on se laisse complètement porter. Je l’ai dévoré en une journée.
Chaque chapitre est l’occasion de changer de point de vue et de personnage. Comme la bibliothécaire, nous sommes immobiles et les gens défilent devant nous. Nous ne connaîtrons qu’une partie de leur vie, qu’un moment de leur quotidien. Ils vont et viennent. A moins que cette bibliothèque ne rassemble plus qu’il n’y paraît ? Je n’en dirai pas plus…
Du développement personnel ?
Est-ce que, par hasard, Michiko Aoyama ne proposerait pas à ses lecteurs un ouvrage de développement personnel maquillé ? C’est l’idée qui me vient une fois le récit achevé. Ces moments de bascule pour les personnages croisés, ces déclics pour prendre un nouveau départ… Est-ce que l’espoir et la motivation, l’allant, ressentis ne pourraient pas sortir des pages qui les contiennent et contaminer le lecteur ?
Car finalement, souvent, ce qui nous bloque tous et toutes, dans la réalisation de n’importe quel projet c’est la petite voix intérieure inquiète ou découragée ou déprimée. Je trouve que ce roman fait beaucoup de bien, justement en insufflant une bonne dose d’énergie. L’identification à un personnage ou à un autre est assurée, nous avons tous nos propres rêves secrets. Des idées plus ou moins enfouies, plus ou moins farfelues. Je suis sûre que lire ce roman dans une période où l’on se sent à l’étroit dans sa vie peut avoir le même effet bénéfice qu’un coup de pied aux fesses 😀
Le rêve universel
La beauté de ce texte, c’est aussi de nous ramener un peu les pieds sur terre. J’entends par là que nos sociétés excessives ont tendance à fabriquer des rêves bien particuliers. Toujours de grosses voitures, de grosses maisons, des vacances au bout du monde, une garde-robe de luxe, etc. Des rêves qui resteront inaccessibles pour la majorité. Des rêves aussi qui rendent les gens insatisfaits, envieux, jaloux…
Mais on peut rêver d’autre chose sans qu’il faille dire que l’on rêve moins grand ! Comme le personnage de la jeune Tomoka, on peut rêver de prendre mieux soin de soi. alors cela peut sembler moins grandiose qu’un selfie aux Maldives, mais est-ce réellement le cas ? Dans une vie métro-boulot-dodo, avec un métier peu épanouissant, est-ce que prendre soin de soi ce n’est pas la porte d’entrée vers d’autres bonheurs ?
L’autrice met à l’honneur des rêves “simples” mais pour lesquels il faut beaucoup de courage pour se donner les moyens de les atteindre.
Être submergé par la Vie
Chaque chapitre présente un nouveau personnage et à chaque fois, l’âge de la personne va croissant. Chacune est coincée dans une réalité qui ne lui convient plus ou bien perdue dans l’immensité des possibilités.
Pour moi ce texte met en avant les bouleversements intérieurs qui peuvent nous submerger lorsqu’un changement advient dans nos vies. Ce n’est pas toujours un changement malheureux, mais ce n’est pas pour autant que l’on est systématiquement équipés pour y faire faire sans problème et passer à autre chose.
Michiko Aoyama a mis le doigt sur ces émotions complexes, parfois paradoxales et bien souvent paralysantes. Sans doute que l’on ne prend pas assez le temps de se pencher sur nos propres émotions. C’est intime, c’est confus, ça nous demande un effort pas toujours agréable… La bibliothèque des rêves secrets est là pour nous motiver et surtout nous montrer ce qu’il y a après. Après s’être penché sur notre propre cas. Sur ce que l’on veut vraiment dans la vie et comment y arriver. Après l’effort, le réconfort comme dit le proverbe.
Mme Komachi
Cette bibliothécaire hors normes tant physiquement que par sa fine connaissance des gens, ne cesse d’intriguer au fil du texte. Elle est le point commun entre les personnages. Elle représente aussi la marche à franchir pour chacun avant de prendre un nouveau départ. Pour autant, Mme Komachi reste énigmatique. Nous n’aurons jamais son point de vue, à peine quelques indices sur sa vie hors de la bibliothèque, toujours cette même tenue blanche… Elle aussi ne fait que passer dans le texte finalement.
Le sentiment que l’on conserve de cette lecture, c’est la bienveillance envers soi-même, envers ses rêves, peut-être l’envie d’en réaliser un !
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