Pour cette journée internationale des droits des femmes, je vous propose cet article pour mettre en lumière les œuvres de dix autrices que j’apprécie tout particulièrement. J’espère que cela pourra vous donner envie de les découvrir, ou de les relire 🙂
Zoya Pirzâd
Commençons avec Zoya Pirzâd, écrivaine iranienne contemporaine. Je ne peux que vous recommander avec un tantinet d’insistance les nouvelles et les romans magnifiques de cette autrice. Elle puise son inspiration dans ce qui constitue le quotidien des femmes de son pays. Mais finalement, les aspirations et les doutes de ses personnages ne sont-ils pas universels ? Ailleurs sur mon blog vous pourrez retrouver mes avis de lecture plus détaillés sur plusieurs de ses ouvrages, Le goût âpre des kakis et Un jour avant Pâques. Dans un style tout en sobriété, Zoya Pirzâd nous entraîne dans son univers mêlant lignes de force et fragilités.
Marie-Sabine Roger
Une autrice que l’on ne présente plus bien sûr, plusieurs de ses textes ont même été adaptés au cinéma. A chacun de ses romans, elle propose au lecteur une atmosphère très marquée, identifiable immédiatement. Pour autant, tous ces personnages principaux restent uniques. Elle nous les rend sensibles, on a l’impression de les connaître, peut-être même de les avoir déjà croisés. C’est toujours un bonheur de suivre les trajectoires qu’elle concocte pour les personnages, souvent ballottés par la vie. Vous pouvez retrouver une chronique sur Dans les prairies étoilées ici 🙂
Bérengère Cournut
Cette autrice écrit aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Je l’ai découverte avec Née contente à Oraïbi (la chronique est ici), un roman d’une poésie et d’une sensibilité qui m’a littéralement éblouie ! Mais en lisant d’autres titres d’elle, j’ai découvert que cette atmosphère un peu évanescente, toujours connectée à la nature est en fait l’un des marqueurs forts de son style. C’est le dépaysement et le rêve éveillé qui vous attendent avec ses romans !
Chimamanda Ngozi Adichie
Derrière la figure féministe qui a connu une renommée internationale pour son essai Chère Ijeawele en 2017, c’est aussi l’écrivaine passionnante de Americanah. Un roman magistral dans lequel l’autrice interroge les questions de l’identité et du racisme aujourd’hui aux Etats-Unis. C’est le roman qui a connu le plus grand succès et il est effectivement un reflet, invitant à la réflexion, de notre monde occidental. Je recommande tout autant L’hibiscu rouge, un récit plus dur, plus cruel en un sens mais sans doute plus poignant, qui révèle toute l’étendue du talent de Chimamanda Ngozi Adichie.
Ryoko Sekiguchi
Autrice protéiforme franco-japonaise, je la cite ici pour ses essais, n’ayant pas encore tout lu d’elle. Que ce soit Nagori ou 961 heures à Beyrouth, ces deux textes m’ont bouleversés chacun à leur manière. La réflexion qu’elle entame sur le rôle de la cuisine, non pas juste comme un plaisir gourmand ou gourmet, mais comme un liant universel permettant de faire société est très intéressante. Et cette volonté de sortir la cuisine de la cuisine (et aussi des émissions télé) se poursuit puisque j’ai vu que Ryoko Sekiguchi est à présent directrice de collection chez les éditions Picquier, précisément pour mettre en avant des textes qui parlent de nourriture, d’une manière ou d’une autre.
Marie Ndiaye
C’est probablement mon autrice contemporaine préférée ! Marie Ndiaye a construit tout un univers à part, identifiable presque au premier coup d’œil. Des héroïnes ambivalentes et tourmentées, une action qui se déroule la plupart du temps dans le bordelais et une écriture ample, dense, magnifique ! Une écriture comme je ne pensais pas possible d’en découvrir chez un auteur autre que ceux du XIXe siècle (siècle royal pour l’écriture selon moi). Sur ce blog j’ai chroniqué La Vengeance m’appartient et La Cheffe, roman d’une cuisinière mais chacun de ses livres est un bijou à découvrir, porté par son écriture magistrale.
Mona Chollet
Essayiste et journaliste, chaque livre d’elle résonne particulièrement pour moi. Que ce soit Beauté fatale ou Sorcières, ce sont des grands essais féministes qui comptent dans la littérature de ce genre. De l’industrie cosmétique au jeunisme en passant par toute la galaxie d’injonctions sociales à destination des femmes, Mona Chollet les décortique de manière pertinente et sourcée. Mais je cite aussi son livre sur la symbolique de l’espace domestique, Chez soi, un essai très plaisant, publié avant le confinement mais que j’ai relu à ce moment-là avec grand intérêt !
Karine Tuil
Voilà une écrivaine dont un seul de ses textes m’a laissé un souvenir tenace, et qui me pousse à la citer dans ce “top 10” sans hiérarchie. En 2016, j’ai lu avec avidité son roman L’insouciance, le roman parfait pour condenser l’évolution de la société française des années 2010. Avec le contexte international, la politique, le milieu des affaires, les affaires de coeur embringuées au milieu… Un texte fleuve où l’on se laisse porter par sa plume claire et précise. Je me rends compte en écrivant cet article que je n’ai plus rien lu d’elle. Un état de fait à réparer dès mes prochains achats littéraires !
Inaba Mayumi
Voici une écrivaine contemporaine japonaise dont les livres devraient être remboursés par la sécurité sociale. 😀 Blague à part, j’entends par là que l’autrice nous prend doucement par la main au début du récit pour nous entraîner plus loin avec ses personnages. On se laisse guider, sans être dorlotés pour autant. Les thèmes ne sont pas dans la mouvance feel good. C’est plutôt une explosion silencieuse des sentiments et un coup de poing discret parfois, au détour d’une page. Bref, on se détend et on se connecte à ses émotions. Vous pouvez retrouver les chroniques pour La péninsule aux 24 saisons et 20 ans avec mon chat sur le blog.
Julia Deck
J’adore cette écrivaine française ! Avec des textes concis, elle nous dépeint sans concession la société. L’humour noir abonde, les traits d’esprti aussi. Quand elle choisit un angle d’écriture, voire d’attaque, elle ne lâche plus. Ses personnages se trouvent souvent démunis face au mauvais sort, il nous semble les regarder s’agiter comme des souris de laboratoire parfois. C’est tout à fait jubilatoire de lire Propriété privée, Monument National ou encore Sigma. J’ai aussi lu Triangle d’hiver. Mais je dois avouer que ce texte là m’a plutôt déconcertée, je pense que je ne l’ai pas bien compris. Ce sera une relecture pour plus tard !