En ce début d’année, j’ai choisi de vous partager mes meilleures lectures de 2023, catégorie romans 🙂 En repassant les ouvrages que j’ai eu le plaisir de lire l’année passée j’ai eu le plus grand mal à choisir. Mais j’aime bien cet exercice, extraire la substantifique moelle de ma passion ! Voici donc mes dix chouchous 🙂
Le côté de Guermantes – Marcel Proust
Évidemment Proust fait partie de mes dix titres les plus aimés de l’année ! J’aurais aussi très bien pu mettre Sodome et Gomorrhe. Ce sont les deux tomes que j’ai lus en 2023 et quel bonheur de cheminer dans A la recherche du temps perdu ! Le côté de Guermantes m’a semblé jusqu’ici le plus surprenant, puisque j’y ai trouvé beaucoup d’ironie, beaucoup d’humour aussi. Et c’est loin de l’idée qu’on se fait au départ du mastodonte Proust 🙂
Les Fruits d’Or – Nathalie Sarraute
Voici un autre classique de la littérature française, moment Nouveau Roman ! Mince je pense que ma passion pour les classiques risque de se remarquer 😀 C’est un texte très court, ce qui ne fait que rehausser la puissance de l’écriture de Nathalie Sarraute. On suit l’emballement, aujourd’hui on dirait médiatique, puis la volte face du monde de la culture concernant un livre du même nom que le roman. Un roman sans personnages, sans intrigue au sens habituel du terme. Bref, un livre qui fait perdre ses repères et la surprise n’en est que meilleure.
Un jour avant Pâques – Zoyâ Pirzad
J’ai adoré ce texte de l’autrice, qui nous conte ici ses souvenirs de jeunesse au sein de la communauté arménienne en Iran. Attention, cela reste un roman et non une autobiographie. Mais je dirai que la tendresse et la nostalgie sont palpables et connaissant les origines de l’autrice, on s’imagine que l’inspiration a été toute trouvée !
Une sortie honorable – Eric Vuillard
Ce roman ne tombe également pas très loin de la réalité historique, c’est ce qui en fait toute sa force. Eric Vuillard nous parle de la fin du conflit français en Indochine et des tergiversations pour déterminer quand jeter l’éponge et lâcher ces colonies. Comme dans son autre roman L’ordre du jour, l’auteur nous démontre, de façon imparable, comment les intérêts des grands industriels ont été au cœur des décisions politiques. Un mélange peu éthique, et qui devient explosif à la lecture.
Le hussard sur le toit – Jean Giono
Et encore un autre grand classique 🙂 Mais je trouve qu’il est bon de se replonger dans le souvrages de ces auteurs. On pense les connaître par coeur parce qu’un prof nous a torturé avec une ou deux œuvres à l’école… J’aime les redécouvrir maintenant et comprendre toute la puissance de leurs textes. Jean Giono incarne tout à fait cela pour moi. Je l’ai détesté en cours et je le lis vraiment aujourd’hui. Le hussard sur le toit c’est un roman d’aventure dans lequel le temps semble figé. Les péripéties sont limitées, dans l’espace et dans leur intensité. Mais passée l’expérience horrible de la pandémie récente, j’ai trouvé des échos surprenants dans ce roman. A la fin du XIXe siècle aussi on confinait face aux maladies.
L’Eveil – Kate Chopin
Un classique encore mais américain cette fois-ci. C’est l’un des grands romans féministes du XIXe siècle. On va suivre le destin de cette héroïne mariée, mère de deux enfants. Elle semble tout avoir pour être heureuse mais elle étouffe. La prise de conscience est assez lente mais une fois éveillée, que choisira-t-elle ? Comment peut-elle aller au bout de ses idées dans la société puritaine de l’époque ? Un roman poignant qui résonne longtemps après dans le coeur.
La Cheffe, roman d’une cuisinière – Marie Ndiaye
Je triche un peu, je l’avais déjà lu à sa sortie et je l’ai relu en 2023. Mais c’est toujours aussi beau et Marie Ndiaye doit figurer ici ! Elle nous raconte dans une langue ample, enivrante et magnifique la carrière d’une cuisinière. Le propos est tout à fait intéressant, les personnages sont, comme toujours chez l’autrice, ambivalents. Ni blanc ni noir, on évolue dans les intercases, dans les nuances de gris. Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est son écriture. A chaque roman, à chaque lecture, je suis ébahie de la beauté de cette plume.
20 ans avec mon chat – Mayumi Inaba
L’autrice nous fait le récit de ses vingt ans de vie partagés avec son chat. Globalement tout est dit dans le titre 😀 Le récit se rapproche de l’autobiographie dans un style d’écriture très sobre. En soi, peut-être qu’en d’autres circonstances cette lecture ne m’aurait pas tant marquée. Mais moi aussi j’ai dû dire adieu à un chat qui a partagé vingt ans de ma vie. Alors forcément, c’était le livre du deuil pour moi et ça m’a fait du bien de le lire.
Boussole – Mathias Enard
Ce roman orientaliste moderne m’a semblé ardu au départ. Les cent premières pages, j’ai buté, accroché… Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais et j’avais du mal à passer au-dessus. Et finalement, j’ai lâché prise et j’ai suivi l’auteur. C’est là que s’est ouverte cette somme de l’Occidental orientaliste amoureux de son Orient. J’ai adoré les nombreuses références artistiques qui parsèment le récit. J’ai adoré la lucidité du héros sur sa maladie. Pas celle dont il attend le diagnostic. Sa maladie d’amour pour un Orient fantasmé, un Orient image mentale construite en Occident, pour le goût des Occidentaux. C’était dense, c’était divin.
La constance du jardinier – John Le Carré
Le dernier petit chouchou est donc un roman d’espionnage par le maître du genre. Je l’ai entamé sans grande conviction et finalement, je me suis retrouvée à ne plus pouvoir lâcher cette histoire ! L’intrigue est très bien ficelée, on ne sait pas où donner de la tête, les faux-semblants abondent. Mais au-delà de cela, j’ai aimé tout le contexte que dénonce l’auteur dans ce roman. Un contexte de cynisme, de deals juteux qui ne doivent rien à son imagination et tout à notre réalité. C’est un livre qui fait réfléchir et c’est toujours un plus !