Résumé
Palerme, 1993. Le sang coule à flot dans les rues de la ville alors que deux clans opposés de la mafia s’affrontent. Dans l’œil du cyclone : Saverio Barone, un jeune et ambitieux avocat prêt à tout à rétablir l’ordre. Il deviendra « Le Chasseur » et participera à la traque et à l’emprisonnement de 300 mafieux. Une histoire vraie, méconnue…
Une série inspirée de faits réels
La série a été créée par Marcello Izzo et Silvia Ebreul. Elle est librement inspirée de l’autobiographie du procureur antimafia Alfonso Sabella, Cacciatore di mafiosi. Il a pris ses fonctions juste après l’attentat de Capaci. L’assassinat du juge Falcone a choqué toute l’Italie et même au-delà des frontières. La mafia sicilienne entre à l’époque dans une nouvelle phase de son rapport de force avec l’Etat italien. De guerre couverte et larvée, cosa nostra décide de passer à une guerre ouverte et extrêmement sanglante. Le maxi-procès qui s’est tenu de 1986 à 1992 a établi juridiquement l’existence de la mafia et a porté un sérieux coup à ses activités.
Le jeune procureur sicilien prend ses fonctions dans ce contexte, bien décidé à mettre sous les verrous tous les boss mafieux commanditaires du meurtre du juge Falcone. Dans la série, sur trois saisons de douze puis huit épisodes, on suit le travail du personnage Saverio Barone.
Une mise en scène à la hauteur du scénario
Cette série ne s’est pas contentée d’un sujet fort pour faire des compromis sur le reste. Tout retient l’attention du spectateur et sert magistralement les performances des acteurs. De la réalisation aux décors, de la bande son à l’emploi du patois sicilien, chaque aspect prend toute son importance.
On découvre, à chaque épisode, un objet télévisuel très beau, très léché. Et cette esthétique même vient souvent en contrepoint de l’histoire dramatique ou violente qui se déroule dans l’action.
Saverio Barone
C’est Francesco Montanari qui interprète le personnage principal. Sa performance est bluffante et tombe toujours juste. On aurait pu craindre une personnalité un peu surhumaine, héroïque. Mais ce n’est pas , de manière générale, dans l’ADN des fictions italiennes. On observe un homme, avec ses points forts mais aussi ses failles inévitables. Il est obsédé par son travail, pour lequel il est très doué. Mais cette traque perpétuelle de mafieux c’est en réalité un choix de vie. Un choix qui va peser sur la vie personnelle et familiale de Saverio, sans même parler de la vie sous protection policière 24h/24h.
La représentation des mafieux
Même si la série prend le point de vue des forces de l’ordre et de la justice, le spectateur suit les vies de certains boss traqués. Contrairement à bon nombre de séries ou de films qui présentent une vision romancée et romantique de la mafia, Il Cacciatore explose ce cliché. En effet, l’ambiance n’est pas cool, elle est plutôt ultra violente. Ce n’est pas la notion fantasmée d’honneur qui est au centre des relations. On voit plutôt, de façon crue parfois, la réalité des crimes de sang.
Également, la série respecte bien les caractéristiques des clans mafieux siciliens. Des hommes qui ne paient pas de mine, ne font pas étalage de l’argent, ayant toujours de fortes racines campagnardes. On n’est pas du tout face aux archétypes flambeurs et rococo de Gomorra par exemple.
Un rythme effréné
D’un côté purement scénaristique, l’histoire est rapidement captivante. C’est en partie grâce au montage qui impose un rythme rapide et saccadé à chaque épisode, avec souvent des cliffhangers qui laissent le spectateur pantois.
Au fil de trois saisons, ne pas perdre ce rythme est une vraie performance. Peu de séries peuvent se targuer d’avoir su conserver toute leur efficacité d’année en année ! De même, on pourrait penser que traquer des mafieux peut devenir lassant. L’un succédant à l’autre etc. Mais cette sensation n’existe pas en visionnant Il Cacciatore. Ce n’est pas un cop show basique qui règle une enquête par épisode. Les scénaristes respectent la réalité historique, des années passent souvent avant de pouvoir attraper un suspect. Et aucun de ces criminels n’est isolé des autres, l’organisation mafieuse donne la cohérence nécessaire à l’enchevêtrement des enquêtes du procureur Barone.
Et la sensation que la série ne s’essouffle pas est aussi due au fait qu’il y a peu d’épisodes par saison.
Une fin maîtrisée
C’est un métier usant que de lutter contre la mafia. C’est clairement la conclusion à la fin des trois saisons. On ne compte plus les sacrifices que Saverio Barone a accepté de faire pour son boulot. Où est la ligne entre le devoir et l’obsession pure et simple ? Quel est le bon moment pour s’arrêter ?
Toutes ces questions forment le sous-texte de la dernière saison. Le changement d’époque joue aussi bien sûr un rôle. Après plus de trois cent arrestations, la structure de la mafia en a pris un coup et la lutte n’a plus été aussi acharnée qu’au début des années 1990. A d’autres de prendre la relève…