Résumé
Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se confier et se réchauffer dans sa loge. Avec la petite équipe de fossoyeurs et le jeune curé, elle forme une famille décalée. Mais quels événements ont mené Violette dans cet univers où le tragique et le cocasse s’entremêlent ?
Le premier roman de mon année
C’est avec Changer l’eau des fleurs que j’ai donc entamé 2025 🙂 Un voyage qui m’a occupée le jour de l’An et le lendemain. Quelle meilleure preuve pour vous dire que ce roman se lit très bien ? On le lit vite et on veut connaître la fin !
C’est un texte d’un peu moins de sept cent pages mais il est rythmé. On n’a pas le temps de s’ennuyer. Et à toutes les fins de chapitres on se dit, allez encore un !
Une comédie dramatique française
Il y a un vrai côté cinématographique dans l’écriture de Valérie Perrin. On sent son premier métier de photographe de plateau qui ressort. Et c’est très agréable de se laisser porter par ses descriptions. Elle rend tout vraiment vivant et palpable pour le lecteur.
Et la trame du roman rappelle aussi le cinéma. On est bien dans le genre balisé de la comédie dramatique qu’on maîtrise si bien dans le cinéma français. Tous les ingrédients y sont pour “faire prendre la sauce”.
Une héroïne hors du commun tout en étant également une personne lambda. Un cadre provincial, des relations sociales de voisinage faites d’entraide et d’amitié etc. Et dans ce cadre si peu impressionnant (on est pas dans Le diable s’habille en Prada par exemple, New York, haute couture etc), l’intrigue se noue.
Petit à petit, on s’attache à Violette qui nous fait le récit de sa vie cabossée. Comme le dit l’adage, chaque personne rencontrée à affronter déjà deux fois l’enfer. C’est ce qu’illustre le récit. Pour elle, et pour les personnages secondaires aussi.
Le drame caché dans la légèreté
Et bien sûr, on ne va pas en rester là. Sous des dehors paisibles, va nous être dévoilée l’acmé du chagrin de notre héroïne. Sans rien en dévoiler ici, on peut dire que l’autrice réussit à nous prendre par surprise.
Ce n’est pas téléphoné, on ne s’y attend pas et on le mange en plein dans les gencives ! Et à partir de cette révélation, le rythme et la narration changent.
Un roman choral
En effet, d’un roman presque journal intime, où Violette s’exprime à la première personne et seule, on bascule dans autre chose. Au-delà de son point de vue, viennent s’enchâsser les points de vue d’autres protagonistes. C’est assez inattendu et le rythme s’en trouve relancé selon moi.
C’est peut-être sur ce point que j’aurais une petite hésitation. Dans le sens où le point de vue de certains apportent directement à la compréhension de ce que raconte Violette depuis le début, tandis que cela m’a semblé moins net pour un autre personnage. Un personnage dans le fond, de passage et qui a droit aussi à une narration à la première personne. Avec en prime une vulgarité dans le langage qui je l’avoue ne me met pas forcément à l’aise.
Mais ce choix de Valérie Perrin nous force à nous interroger, à rester sur le qui-vive et c’est aussi bien.
Une fausse histoire cocooning
On ne va donc pas rester en surface, à contempler les petites joies de la vie. Certes, c’est un pan important dans le texte car c’est aussi par là que passe la guérison. Mais l’autrice plonge plus profond, vers les ténèbres des vies ordinaires.
Au début, je me suis dit en lisant, oh trop bien, on est un peu dans les romans japonais très calmes, contemplatifs etc. J’aime bien ce genre de lectures, surtout l’hiver pour combattre le froid et le mauvais temps !
Mais il y a plus, ce drame étoffe la narration et on basculerait presque dans une enquête en bonne et due forme.
La palette de l’âme humaine
Finalement, au cours de ce texte fleuve, l’autrice expose toutes les émotions et toutes les réactions possibles des Êtres Humains. Tous leurs défauts, leurs travers et tous leurs pendants de qualités et de résilience.
Que ce soit avec l’histoire de Violette, ou celles des nombreux personnages secondaires (vivants ou morts), on a l’occasion de faire le tour de toutes les émotions, de tous les sentiments. Dans une infinité de nuances de gris, rien n’est jamais tranché. Le bien, le mal, la vie, la mort. L’autrice en fait des points cardinaux pas si éloignés les uns des autres. Et chacun devient indispensable à son contraire pour équilibrer nos vies.
En définitive, j’ai adoré cette première lecture de l’année. On sourit, on pleure, on s’identifie, on s’interroge… En tout cas, on ne reste pas indifférent 🙂