Résumé
Un diplomate américain est trouvé mort d’un coup de fusil. Un richissime importateur de fourrures disparaît sans laisser de traces. Quel rapport entre ces événements et la présence, au Canada, de Georgi Dimitrov, président du Komintern, en 1940? Mêlé à l’enquête, le journaliste Robert Thorne va devenir la proie d’une chasse à l’homme impitoyable, des États-Unis à Leningrad.
Heureuse redécouverte
En réorganisant ma bibliothèque (je réfléchis sérieusement à ne plus acheter d’auteurs en A, pour ne plus devoir refaire 100% des étagères…), je suis tombée sur Red Fox de Anthony Hyde. La couverture ne m’évoquait absolument rien. En lisant la quatrième de couverture, j’ai compris pourquoi j’avais acheté, un jour, ce thriller d’espionnage. Mais toujours aucun souvenir du texte. Qu’à cela ne tienne, l’automne finissant ce prête toujours bien à une lecture haletante et pleine de suspense ! En avant donc, pour une redécouverte !
La beauté des paysages
C’est sans doute surprenant comme première impression pour un roman d’espionnage, mais j’ai adoré les descriptions d’Anthony Hyde ! Au fil de l’intrigue, on passe de l’Amérique du Nord à la Russie, dans un cadre automnal magnifique. On se laisse embarquer par l’atmosphère que l’auteur parvient si bien à faire exister. Dans ce type de romans, on a parfois la sensation que les descriptions des lieux ne sont là que pour ralentir la progression de l’enquête. C’est tarte, on s’ennuie et on peut allègrement sauter de trois pages en trois pages.
Dans Red Fox au contraire, on est vraiment avec Robert Thorne. Ce personnage principal journaliste est impliqué par la force des choses dans ces histoires d’espions qui le dépassent. Le lecteur devient son complice, son ombre. Et les descriptions donnent vie à tout le récit. La plupart du temps cela ajoute du suspense, une beauté naturelle… Mais au moins une fois, cela exacerbe le trash qui soulève l’estomac.
Nid d’espions
Car le cœur de l’intrigue a beau se trouver dans les années 1940, les cadavres continuent de s’amonceler au milieu des années 1980 ! Pour ceux qui craignent de s’ennuyer avec une histoire plan plan, sans action et juste des nœuds au cerveau, que nenni !
L’auteur nous livre un récit parfaitement équilibré entre action et réflexion. Les péripéties ne cessent plus une fois que Robert Thorne a mis le doigt dans cet engrenage auquel il ne comprend rien, ce qui laisse le lecteur moins seul 🙂
Il est difficile d’en dire plus sur ce thriller sans spoiler l’aventure. De fausses pistes en témoignages cruciaux, Thorne ne recule devant rien. Mais quelle est sa motivation personnelle ? A qui peut-il vraiment faire confiance ? Jusqu’au dénouement, il y a des moments où l’on se demande si Thorne, et donc nous aussi lecteurs, nous sommes faits balader par d’autres personnages retors…
On ne peut pas imaginer le fin mot de l’histoire avant que l’auteur veuille bien éclairer notre lanterne. Il faut rester sur ses gardes, peser soigneusement chaque théorie… Tout ce que l’on attend d’une histoire d’espions !
Les Russes, méchants éternels de fiction
Ce roman est une occasion de plus de rejouer le match USA-URSS et aujourd’hui Russie. Des gentils américains et des méchants russes. L’affrontement éternel, en littérature comme au cinéma ou dans les séries. On aurait pu croire que les variations géopolitiques récentes trouveraient un écho en fiction. Que les Chinois détrôneraient les Russes comme incarnation de l’opposition à l’ordre américain. Mais il n’en est rien. Le méchant russe, il n’y a encore que cela qui vaille.
Pour ne prendre deux exemples contemporains, il y a d’abord la série Apple TV Slow Horses. La saison 2 voit ces médiocres agents du MI5 britannique se mesurer aux agents dormants russes infiltrés dans la société civile. Au passage, cette série est un petit bijou de comédie. Elle doit beaucoup à sa tête d’affiche Gary Oldman évidemment. Mais le reste du casting, l’écriture et le rythme des épisodes sont à souligner aussi.
Et bien sûr, la référence de ces dernières années comme série d’espionnage : The Americans. Je crois qu’elle est disponible à présent sur Amazon Prime. Une série qui se déroule durant les années 1980 et illustre justement le travail des espions russes implantés aux USA. Nous suivons ce couple si particulier au fil des saisons, cachés derrière leur incarnation du cliché de la famille américaine, les deux enfants, la maison dans un quartier tranquille, les relations de voisinage… Et derrière, la face cachée de leurs activités ! C’est le type d’ambiance que j’ai eu en tête en relisant ce roman 🙂
Pour en revenir à Red Fox, Anthony Hyde va tout de même chercher plus loin que d’opposer le bien contre le mal. Car, dans le contexte de la guerre froide, tous les gentils Américains ont-ils vraiment été de bons patriotes ? Et les Soviétiques n’avaient-ils que de mauvaises intentions pour agir ? Le récit nous présente des nuances, des fluctuations, des basculements. Ce qui constitue finalement le pain quotidien de l’espionnage. Chaque protagoniste a son propre intérêt à défendre…