Résumé
Elles s’appellent Suzanne Valadon, Tamara de Lempicka, Gerda Wegener, Kiki de Montparnasse,… Elles sont peintres, photographes, sculptrices, cinéastes. Elles témoignent d’une nouvelle modernité où les femmes peuvent enfin diriger un atelier, peindre des corps nus et même… porter un pantalon !
Issues de la première génération de femmes à pouvoir intégrer les écoles d’art, dans les pas de Berthe Morisot ou de Rosa Bonheur, les artistes des Années folles et des décennies qui leur succèderont deviennent de véritables modèles d’anticipation ayant permis l’évolution de certains des plus grands courants d’avant-garde. Un album exceptionnel, à l’iconographie riche et variée, qui redonne leur place à des femmes d’une incroyable audace, sans qui l’art d’aujourd’hui n’existerait pas !
L’angle mort
J’ai toujours adoré l’histoire de l’art et me plonger dans les œuvres qui résonnaient pour moi. Toujours à courir les expositions, les musées… Craquer à la sortie pour ces catalogues d’exposition de deux kilos 😀 C’est l’une de mes passions.
Et pourtant je viens tout juste de me rendre compte de quelque chose. Signac, Bonnard, Matisse… Où sont les femmes dans mon référentiel de l’Art ? Je connais bien deux trois noms, de loin, comme ça… Frida Kahlo, Berthe Morisot, Niki de Saint Phalle. Mais qu’est-ce que je connais vraiment de leurs œuvres ? De leur vie ?
Quel est ce biais qui a maintenu mes œillères jusqu’à aujourd’hui ? Mes peintres masculins chouchou, je connais leur œuvre, leurs marqueurs, leur vision, des détails de leur biographie… Leur force m’ont caché ces artistes féminines qui méritent tout autant mon intérêt.
Un pas après l’autre
C’est donc avec cette prise de conscience que je me suis précipitée pour acheter cet album Larousse, Pionnières, ces femmes qui ont fait l’art. Une collection de petites fiches biographiques sur ces artistes qui étouffent sous la force de frappe artistique, et aujourd’hui marketing, de leurs collègues masculins.
Ce n’est pas une plongée dans le détail de chacune de ces femmes, de sa vision propre de l’art, et une seule œuvre par artiste est ici reproduite. Mais c’est un premier pas !
Les premières pages s’occupent aussi de nous donner le contexte. Les carcans du XIXe siècle, tous les interdits pour les femmes artistes…
Et pour commencer, pas le droit d’entrer à l’école des beaux arts. Donc toutes les premières parmi les pionnières, Morisot, Valadon, Claudel ont en plus à être des autodidactes. Dans ces conditions, pas étonnant que ces femmes aient fréquenté respectivement Manet, Toulouse-Lautrec, Rodin.
Si on refuse l’enseignement, il faut bien pouvoir observer par soi-même ceux à qui on a rien interdit. Pour moi, plus que des figures de mentor, ces hommes ont eu un rôle de révélateur. Ces femmes avaient déjà tout pour réussir. La volonté de créer, des choses à raconter, à illustrer… Il fallait juste leur ouvrir les portes de la technique pure.
Un vingtième siècle bouillonnant
Je sais aussi que si j’ai laissé passé tous ces grands noms de l’art, c’est aussi parce que la société ne les a pas laissées véritablement s’exprimer avant le XXe siècle. Sauf quelques exceptions dès le XIXe siècle.
Impossible de ne pas voir la taille de ce préjugé chez moi 😀 J’admire la Renaissance, le XIXe siècle romantique et impressionniste… Mais la vie a continué après. A l’époque de Picasso, Dali, Modigliani, Soutine… Il est temps que je découvre leurs égales !
La modernité a permis à des femmes artistes de trouver leur place, de rencontrer leur public. Là où les siècles passés les maintenaient avec acharnement dans les rôles d’épouses et de mères, pratiquement cloîtrées à l’intérieur.
On fantasme sûrement moins sur le siècle dernier, surtout dans sa globalité avec les atrocités historiques évidemment. Mais la création artistique ne s’est jamais arrêtée et ces femmes se sont révélées.
Et je ne veux plus considérer cette période comme une excroissance rachitique de l’explosion du XIXe siècle. Il n’y a pas eu que des hommes pour relever le niveau, il est temps de se pencher sur les femmes.
Des découvertes florissantes
Mais pour moi, cet angle mort de ma culture artistique n’est ni une tare ni un regret. On vient à l’art par ce qui nous touche le plus, et ce qui nous est aussi le plus présenté. Mais si l’on développe une passion pour cela, alors on est toujours ravi de pouvoir découvrir de nouvelles choses.
Ainsi, depuis quelques années, je trouve les expositions un peu redondantes pour moi. Parce que j’y cherche toujours mes dadas et que, finalement, après tout ce temps j’en ai fait le tour.
Quelle joie de pouvoir repartir de presque zéro et de retrouver l’œil du débutant, pour reprendre cette expression de la méditation de pleine conscience. Retrouver la fraîcheur de la découverte… S’emballer, vouloir chercher plus loin… En avant pour de nouvelles destinations de musées abritant les œuvres de ces femmes !