Résumé
Élisabeth Bennet a quatre sœurs et une mère qui ne songe qu’à les marier. Quand parvient la nouvelle de l’installation à Netherfield, le domaine voisin, de Mr Bingley, célibataire et beau parti, toutes les dames des alentours sont en émoi, d’autant plus qu’il est accompagné de son ami Mr Darcy, un jeune et riche aristocrate. Les préparatifs du prochain bal occupent tous les esprits… Jane Austen peint avec ce qu’il faut d’ironie les turbulences du coeur des jeunes filles et, aujourd’hui comme hier, on s’indigne avec l’orgueilleuse Élisabeth, puis on ouvre les yeux sur les voies détournées qu’emprunte l’amour…
Le chef d’œuvre
Que peut-il rester à dire sur Orgueil et Préjugés ? LE roman austinien par excellence, le plus célèbre, le plus traduit, le plus étudié, le plus adapté aussi ! En séries évidemment, en films fidèles ou fan fictions, en remake Bollywood ou zombies… Et combien de livres spin off tirés de cet univers ! Du point de vue de Darcy, des domestiques etc. Sans parler du merchandising ou du festival Jane Austen tous les ans à Bath ! Il est évident que ce récit n’a pas pris une ride depuis sa publication en 1813. Cette histoire d’amour fascine toujours autant.
Elizabeth ou le modèle féminin de la romance
Ce qui nous semble aujourd’hui un cliché, la jeune femme intelligente, pétillante au fort caractère qui trouvera l’amour sans le chercher vraiment, a obtenu ses lelttres de noblesse avec ce roman. En effet, Jane Austen dresse ce portrait d’Elizabeth Bennet qui résonne encore parfaitement à notre époque. Mais au début du XIXe siècle, c’est un vent de modernité et de fraîcheur qu’elle fait souffler avec son héroïne. Quelle jeune femme assez cultivée et assez déterminée pouvait se payer le luxe de refuser un prétendant ? Or dans ce récit, Elizabeth se le permettra deux fois !
Jane Austen suggère une voie possible pour les femmes, ne pas subir une union non voulue, mieux vaut être seule que mal accompagnée. Déjà dans Lady Susan l’auteure exposait le même point de vue, les femmes ne sont pas des meubles à échanger…
De même, l’auteure pousse en avant une femme intelligente et vive, qui s’exprime et assume ses idées. On est loin des canons de l’époque : sages et silencieuses. Et c’est en premier lieu pour sa vivacité d’esprit que William Darcy tombera sous le charme… Une façon de donner l’espoir à ses lectrices : il n’y en a pas que pour les potiches 🙂
Le roman du voyage
C’est aussi le roman de Jane Austen dans lequel les personnages voyagent le plus. De Longbourn à Rosings, de Londres à Pemberley, de Brighton à Newcastle… On a un échantillonnage de toute la réalité britannique de l’époque. Les domaines campagnards, la station balnéaire, la ville de garnison, la capitale anonyme et gigantesque. L’auteure n’a elle-même que très peu voyagé et s’est le plus souvent contenté de circonscrire l’action de ses romans à la réalité qu’elle connaissait directement. C’est à dire le quotidien de la petite noblesse à la campagne. L’originalité de Orgueil et Préjugés réside aussi dans cet aspect.
Tous ces lieux qui séparent les personnages, ou au contraire les rapprochent, donnent une amplitude narrative, un souffle au récit. On voyage avec les personnages, sans savoir où tout cela mènera (sauf si l’on relit le livre chaque année ou presque 😉 ) L’éloignement est tour à tour source d’angoisse ou de soulagement pour tous les personnages, pas seulement Darcy et Elizabeth.
Et ces distances matérialisent aussi le fait que si le sentiment est authentique et profond, il durera. Pas de loin des yeux loin du cœur, à moins que ce ne soit pas la bonne personne…
Un moment paroxystique moderne
Pour moi, l’apogée du texte ce n’est pas la fin heureuse pour les deux tourtereaux. La scène la plus marquante est sans conteste la dispute qui éclate dans la maison des Collins.
Elizabeth et Darcy se font face, d’égal à égale. Et leurs forts caractères entrent frontalement en collision. La demande en mariage maladroite de Darcy et la réponse cinglante d’Elizabeth blessée nous offrent ce moment de vérité. Parfois, avec toute la politesse du monde, on craque et on dit n’importe quoi. Aucun ne veut s’avouer vaincu, les blessures narcissiques les piquent au vif.
Les péripéties ensuite sont doublement plaisantes. Bien sûr par leur richesse et leur construction, mais pas que. Le lecteur s’amuse avec l’auteure à voir les deux empêtrés dans leur posture vexée et cherchant désespérément une issue.
Il me semble d’ailleurs que Jane Austen met plus l’accent sur la psychologie des personnages dans ces moments-là. Quand les sentiments sont là mais que l’on s’est dit des choses trop “franches” comment faire machine arrière ? Comment reconnaître qu’on s’est trompé ? Pour des caractères comme les leurs, ce n’est pas une mince affaire 🙂
Et finalement, la confession mutuelle des sentiments est bien plus nimbée de voiles d’intimité que tout le chemin pour y arriver. Pas de dialogues en style direct, l’auteure ne s’attarde pas sur ce moment précis.
A (re)lire
En conclusion, je dirai que même si vous avez vu le film/la série, si vous connaissez déjà la fin de toute façon, il faut avoir lu Orgueil et Préjugés au moins une fois dans sa vie !
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