Résumé
Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt Portrait d’une dame est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d’un musée d’art moderne en Italie.
Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l’histoire mouvementée de son portrait.
Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses descendants. Une fresque magistrale où se mêlent secrets de familles, succès éclatants, amours contrariées, disparitions et drames retentissants.
Don’t judge a book by its cover
En général, j’essaie de ne pas me laisser guider dans mes achats de livres par le graphisme des couvertures. La beauté ou non du design n’influe en rien sur le texte. Mais pour L’inconnue du portrait, je l’avoue, j’ai été cueillie, vendue, rien qu’en apercevant le tableau de Klimt.
Comme quoi, peut-être qu’effectivement il y a quelque chose de magnétique dans ce portrait de femme ! Le modèle nous attire même à travers des reproductions…
Et le résumé de ce roman a fini de me convaincre. Une histoire imaginée à partir d’un vol de tableau bien réel ? Mais j’achète tout de suite 😀
La place particulière de l’art dans les faits divers
Je suis toujours très cliente des affaires de cambriolages et autres concernant des œuvres d’art. Je crois que dans l’imaginaire collectif, on imagine toujours des voleurs avec un côté Arsène Lupin. Et puis, l’art a une place à part dans la société. Lorsqu’il n’y a pas de violences évidemment, ces vols rocambolesques nourrissent l’imaginaire. Comment ont-ils fait ? Qui est le commanditaire ? Pourquoi ce tableau et pas un autre ?
S’il y a d’autres personnes friandes de ce type d’histoires, je recommande chaudement la série de reportages d’Arte disponible sur Youtube. Là on ne se contente pas de retracer les faits, ils ont interviewé certains des voleurs des œuvres en question !
Et puis si la réalité finit par être trop terre à terre, n’hésitez pas à vous plonger dans la série L’Art du crime ! En ce moment, toutes les saisons sont disponibles sur le replay de France 2, en attendant la prochaine saison …
Une saga familiale à suspense
C’est ainsi que je décrirai en peu de mots le roman de Camille de Peretti. L’autrice nous fait voyager dans le temps et l’espace avec légèreté. Sans bien sûr négliger la partie de suspense nécessaire au genre. Les secrets, les non-dits, se superposent pour arriver en apothéose à la troisième partie du roman.
J’ai senti un basculement à ce moment-là. Le rythme s’accélère, on est pris dans la frénésie des personnages. Et le texte bien mené jusqu’ici, et serein d’une certaine manière, devient un vrai page turner.
Il est difficile d’en dire plus sur l’intrigue sans se prendre les pieds dans le tapis et faire des révélations ! C’est aussi la magie de ce roman, on va de surprise en surprise 🙂
Une construction riche
J’aime particulièrement les romans qui proposent des flashbacks, ou flash forward d’ailleurs, insérés dans le temps présent du texte. Je veux dire par là, non pas une partie entière sur le passé puis passage au moment présent.
Mais plutôt un entrelac des deux époques, qui nous réveille dans la lecture. Pas de monotonie possible, il faut rester engagés et naviguer entre les époques et les personnages. Sur ce point, j’ai repensé avec Le portrait d’une inconnue au roman Et du ciel tombèrent trois pommes. Une autre saga familiale passionnante, avec en prime un style exigeant.
J’ai aimé l’alternance des points de vue, la complexité de certains personnages… J’ai aussi aimé le découpage, le chapitrage de ce roman. C’est une chose qui ne me saute généralement pas aux yeux. Mais là, je sortais d’une lecture extrêmement dense et prétentieuse sans que le résultat soit au rendez-vous. Et en comparaison, ça m’a fait un bien fou de découvrir ce roman qui adopte une mise en page certes classique mais au moins on ne lit pas en apnée !
L’énigme reste entière
En refermant cette très belle histoire, une chose reste certaine. On ne sait toujours rien du modèle peint par Klimt. Ni de pourquoi le peintre a repris sa toile pour la changer presque totalement.
Il y a quelque chose de beau à penser que toute la technologie et tous les spécialistes du peintre ne peuvent pourtant pas lever ce mystère. On en reste un peu frustrés, et le roman de Camille de Peretti vient parfaitement combler ce manque, avec cette part de romanesque qui apaise les âmes…