Le nom de la rose – Umberto Eco
Résumé
En l’an de grâce et de disgrâce 1327, rien ne va plus dans la chrétienté. Des bandes d’hérétiques sillonnent les royaumes. Lorsque Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire, arrive dans le havre de sérénité et de neutralité qu’est l’abbaye située entre Provence et Ligurie – que tout l’Occident admire pour la science de ses moines et la richesse de sa bibliothèque -, il est aussitôt mis à contribution par l’abbé. La veille, un moine s’est jeté du haut des murailles. C’est le premier des assassinats que connaîtra l’enceinte du monastère.
Le triomphe de l’intelligence
Oui bien sûr, Le nom de la rose ne vient pas de paraître. Publié en 1983, porté au cinéma avec Sean Connery dans le rôle-titre, plus récemment adapté en série… On peut se dire que ce n’est plus la peine de se fatiguer à lire ce pavé.
Mais au contraire, ce roman est tout à fait délectable et bien plus fouillé que ne le seront jamais des adaptations audiovisuelles. Tout repose sur la plume magnifique d’Umberto Eco. Ecrivain de génie, en plus d’avoir été l’un des esprits les plus éclairés de notre époque.
Car, au-delà de l’intrigue policière, c’est tout le Moyen Âge que fait revivre l’auteur à travers ces pages.
C’est vivant, authentique, intelligent… On ne peut pas s’ennuyer avec ce roman. Les personnages ont tous une réelle épaisseur, de même que l’intrigue policière tient toutes ses promesses. Et en plus de tout cela, l’auteur invite ses lecteurs à réfléchir. A réfléchir en premier lieu sur les questions de liberté, des conséquences du dogmatisme ou encore… Qu’est-ce qui fait le propre de l’Homme ? Alors dit comme ça on se croirait revenu en classe de philosophie avec le devoir sur table bien relou. Mais Umberto Eco est un professeur exceptionnel, et il nous mène jusqu’au bout par le bout du nez 😉
L’œuvre au noir – Marguerite Yournecar
Résumé
En créant le personnage de Zénon, alchimiste et médecin du XVIe siècle, Marguerite Yourcenar, l’auteur des Mémoires d’Hadrien, ne raconte pas seulement le destin tragique d’un homme extraordinaire. C’est toute une époque qui revit dans son infinie richesse, comme aussi dans son âcre et brutale réalité ; un monde contraste où s’affrontent le Moyen Age et la Renaissance, et où pointent déjà les temps modernes, monde dont Zénon est issu, mais dont peu à peu cet homme libre se dégage, et qui pour cette raison finira par le broyer.
La Renaissance flamboyante
L’œuvre au noir c’est LE roman à lire pour voir s’incarner la Renaissance. Ce roman suit Zénon dans sa quête d’émancipation et de savoirs nouveaux. Le personnage principal essaie de s’affranchir des normes dans cette époque de transition, cadenassée par le poids de la religion, la menace de l’Inquisition. C’est encore l’Inquisition du Moyen Âge mais l’on sent déjà ce qui adviendra en Europe et surtout en France plus tard dans ce XVIe siècle. Les guerres de Religion.
Dans cette œuvre dense, on voit les aspects culturels de l’époque, avec les voyageurs, l’essor des foires, l’humanisme, etc. Mais ce récit sera surtout celui de la difficulté de vivre libre. Longtemps forcé de se déplacer, vivant caché, usant de faux noms, Zénon incarne la mission presque impossible de s’écarter du savoir doctrinal de l’époque.
Il réfute tout ou presque. D’abord les dogmes religieux, ce qui le rend suspect d’athéisme ou d’hérésie. Mais aussi en ce qui concerne les pratiques médicales et surtout, sa recherche de la pierre philosophale. Le titre de cette œuvre renvoie d’ailleurs au premier stade de la recherche alchimique. Au fil de la lecture, on ne reste pas passif, les dilemmes du personnage nous laissent songeurs…
Cinq-Mars – Alfred de Vigny
Résumé
1640 : un procès de sorcellerie. Un bûcher. Un complot. Louis XIII défaillant d’amour, de culpabilité et de haine devant son jeune et gracieux favori. Richelieu remontant le Rhône dans un bateau tapissé de velours cramoisi qui traîne derrière lui l’embarcation où Cinq-Mars et de Thou enchaînés sont conduits au supplice : leur mort signifiera la fin de la vieille noblesse écrasée par le pouvoir et la raison d’État.
L’absolutisme en construction
Avant Louis XIV et Versailles, il y a eu Louis XIII ahahah ! Enfin il y a surtout Richelieu, pour mettre au pas la noblesse et consolider la base sur laquelle Louis XIV fera triompher l’absolutisme à la française. Après les guerres de Religion qui ont laissé le pays exsangue – et dont Richelieu mate les dernières “queues de comète”, la royauté ne veut plus laisser autant de pouvoirs aux familles nobles.
Cinq-Mars est le roman historique qui nous raconte le moment de bascule. La poigne de fer du cardinal s’abattra pour couper court à ce complot, c’est le cas de le dire. Le tout dans une débauche de sentiments, voire de passion, XIXe siècle et son romantisme oblige !
Je trouve que c’est un récit qui nous ramène vers une période plus méconnue de l’Histoire. Au-delà des qualités d’écriture, c’est plaisant de lire autre chose que des intrigues à Versailles ou sous Napoléon 🙂Et tous les ingrédients sont réunis pour tenir le lecteur en haleine. Un classique à (re)découvrir !