Si vous cherchez votre prochain roman pour occuper un trajet en train, ou bien votre dimanche après-midi, en voici une sélection ! Des romans de moins de 250 pages, que l’on dévore en une seule fois 🙂
Les trésors de la mer rouge – Romain Gary
Pour commencer, voici selon moi un monument de la littérature française. Malgré sa concision, Romain Gary excelle et nous percute presque à chaque phrase. Tirant sur l’autobiographie, Gary offre le récit de souvenirs de séjours dans la Corne de l’Afrique jusque dans la péninsule arabique.
Un voyage au-delà des clichés orientalistes et d’une grande humanité. A lire de bonne humeur toutefois 😉
Les fruits d’or – Nathalie Sarraute
C’est l’un de mes livres chouchou ultime ! Ce livre se rattache au courant du Nouveau Roman. Il en suit les préceptes. Pas de personnages, pas de péripéties ou d’intrigue au sens habituel du terme. Selon une mise en page hachée, sans vrai début ni fin identifiables, l’autrice propose le succès puis la chute d’un livre. La mise en abyme est assumée, puisque Les fruits d’or est aussi le titre de ce roman très discuté. Entre snobisme, discussions de salon et suivisme, Sarraute démonte les rouages de la critique littéraire.
Le bonheur est au fond du couloir à gauche – J.M. Erre
Impossible de ne pas citer ici cet opuscule. Adepte des romans humoristiques et un chouia barrés, J.M. Erre brosse en quelques pages une histoire absolument hilarante. Son héros dépressif va tenter de trouver sa planche de salut à travers toute cette littérature de coaching et de développement personnel. Avec des résultats bénéfiques ? Rien n’est moins sûr ! On éclate de rire à tout bout de champ, c’est une lecture vraiment sympa.
Lady Susan – Jane Austen
Voici un titre pour celles et ceux qui veulent s’évader un moment durant la période de la Régence britannique. A rebours des six romans de Jane Austen, Lady Susan est donc un texte court mais aussi épistolaire. L’héroïne, Lady Susan, est une veuve libertine au sens du XVIIIe siècle. Une séductrice manipulatrice qui sème le chaos et parfois la désolation dans la vie des hommes qu’elle cible. Le contexte peut faire penser à Les liaisons dangereuses mais la ressemblance ne va pas plus loin. Comme toujours, Jane Austen reste dans les clous de la morale mais avec beaucoup d’ironie !
Nagori – Ryoko Sekiguchi
Voici le seul essai parmi les romans de cette sélection. Nagori est un texte poétique et profond, presque philosophique. L’autrice fait découvrir au lecteur la notion japonaise de nagori c’est-à-dire la nostalgie de la saison finissante et le goût particulier des derniers produits dits de saison. On se laisse plonger dans les subtilités du rapport au temps de l’autrice et des idées plus générales qu’elle en dégage. Le goût est bien sûr au cœur du texte et la cuisine, l’un des thèmes de prédilection de Ryoko Sekiguchi, est en bonne place. Et le texte s’achève même en apothéose gastronomique. Le pouvoir évocatoire des mots n’a jamais semblé si bien incarné !
Le triangle d’hiver – Julia Deck
J’aime beaucoup Julia Deck et ce titre, Le triangle d’hiver est sûrement le plus énigmatique pour moi. Une jeune femme croulant sous les dettes décide de laisser sa vie derrière elle et de s’inventer un nom et un personnage. Elle devient une autre et elle choisit de se faire écrivaine. Mais combien de temps son mensonge peut-il tenir ? Peut-on vraiment disparaître et tout laisser derrière soi ? C’est un roman profond, d’une grande humanité. Au fil de la lecture, on ne cesse de s’interroger, on ne reste pas passif. Le tout nous emmène vers un dénouement stupéfiant !
L’ordre du jour – Eric Vuillard
L’auteur frappe un grand coup avec ce récit historique tissé à partir de faits malheureusement bien réels. De manière imparable, nous assistons impuissants et rageurs à cette réunion au sommet en 1933. Les conséquences de cette réunion seront la prise de pouvoir totale par les nazis en Allemagne, par le biais démocratique d’élections largement remportées. Comment ? Grâce à l’appui sonnant et trébuchant décidé lors de cette réunion. Lorsque les plus grands industriels du pays ont accepté d’arroser la campagne prochaine des nazis. Quand ils ont donc décidé que cette voie était la plus intéressante pour eux et leurs affaires. Une vérité difficile à regarder en face. Peut-être surtout au vu du manque ou de l’inexistence de conséquences pour ces entreprises après la Seconde Guerre mondiale…
Le pays aux longs nuages – Christine Féret Fleury
On se plonge avec délice dans ce roman de femmes. Trois voix qui s’entremêlent au fin fond de l’Italie. Une réfugiée et sa fille fuyant la guerre en Syrie, une fille paumée sans le sou en quête des origines et la vieille dame qui va les accueillir. La cuisine tient une grande place dans la vie de chacune, c’est la bouée à laquelle elles se raccrochent quand le reste flanche. On oscille donc entre les récits personnels et les bons petits plats qui mijotent pendant ce temps. C’est un roman simple et subtil, comme ses personnages 🙂
Le restaurant de l’amour retrouvé – Ito Ogawa
Dans ce roman aussi, la cuisine tient une large place. C’est la catharsis même que recherche l’héroïne à travers son travail au restaurant. Privée de voix après le choc d’une rupture amoureuse, la cuisine devient son seul moyen d’exprimer ses sentiments profonds. On la suit dans ce périple herculéen à l’échelle de son village natal. Pourra-t-elle se relever et comment ? C’est roman poignant et émouvant. L’autrice ne vise pas le happy end classique et unidimensionnel. Car tout le monde le sait, la vie est plus complexe, ou plus dure, que cela.
Le canapé rouge – Michèle Lesbre
Et pour terminer cette sélection de romans courts, voici un roman de voyage ! A la fois le voyage physique mais aussi la quête initiatique pour grandir et se retrouver. L’héroïne ira jusqu’en Sibérie pour réévaluer sa vie à Paris. En cherchant une relation du passé, elle en découvrira une nouvelle avec cette vieille voisine qui ne veut plus sortir de chez elle. C’est une magnifique histoire d’amitié entre ces deux femmes. Et la plume, le style de Michèle Lesbre est un plaisir absolu !